lundi 29 octobre 2007

Vos futurs (non) lecteurs


Ils sont suréquipés, ils tiennent presque tous un blog, et leur téléphone est une extension de leur personnalité... voici ce qui ressort d'une étude TNS Media Intelligence, qui sortira début novembre. L'institut a interrogé 1953 adolescents et pré-adolescents de 8 à 19 ans sur leurs usages.

Le site LSA en résume les grandes lignes :
- 94 : le nombre de numéros de téléphone enregistrés sur leur portable
- 78: celui de leurs contacts MSN
- 86: celui de leurs amis sur les sites communautaires (MySpace ou Facebook)

- Des ados suréquipés, et de plus en plus tôt : le maximum d'équipement est atteint entre 12 et 15 ans. (16 et 19 ans pour le téléphone mobile).
- Les progressions sont impressionnantes: en trois ans, le taux de connection internet a été multiplié par trois (89% sont connectés au Net), la possession de mobile par quatre (59%), et la possession d'un lecteur mp3 par douze (61%)...

- Ils mixent les médias: 71 % des 16-20 ans utilisent plusieurs médias en même temps pour se faire leur propre opinion, pour communiquer et donner leur avis et… parce qu’ils n’aiment pas le silence ! (étude G2 Paris, à paraître en janvier 2008)
- Ils passent 4 h 17 en moyenne par jour devant un écran (télé, ordinateur ou téléphone). 70% des ados passent plus de deux heures par jour sur le Net.

- Les jeunes sont des médias : ils sont producteurs de contenus, mais aussi diffuseurs (ils diffusent les contenus qui leur plaisent ou leur ressemblent).
- Ils partagent leurs découvertes : "Huit jeunes sur dix partagent immédiatement avec leurs amis ce qu’ils trouvent d’intéressant ou de drôle sur internet" (Source: NRJ Lab).
- Sur les 9 millions de blogs recensés en France, 85% sont tenus par les 15-25 ans. "Pour 34% d'entre eux, c'est une activité quotidienne. Le chiffre tombe à 23% pour les 16-19 ans". Selon une autre étude (G2 Paris), 82% des moins de 24 ans déclarent avoir déjà créé un blog, dont 40% sur Skyblog.

- "Les jeunes pratiquent l'égologie: ils mettent en commun leur propre égo, démultiplié par Internet" (Julien Silvan, Business Lab)
- "Les jeunes veulent gérer leur parole" (Florence Hermelin, NRJ)
- "Les deux tiers des américains de 18 à 21 ans ont un profil sur un réseau social (mySpace ou facebook)". (étude G2 Paris)

- Experts (75% des joueurs de 8 à 19% s'estiment experts), "ces jeunes suréquipés ne sont pas des geeks, des fous d'informatique incollables (...). Les jeunes veulent avant tout de la simplicité."
- 30 % des 11-15 ans participent à des jeux de réseau en ligne. (G2 Paris)

- Trois maîtres mots : l'immédiateté (tout est devenu immédiat, accessible d'un seul clic), l'interactivité (tout est cliquable, on donne son avis sur tout, on met sa vie en ligne sur son blog ou les sites communautaires), et la gratuité (40% des jeunes ont téléchargé de la musique et des films illégalement).

A croiser avec l'étude, plus orientée news, publiée au printemps dernier par le Joan Jorenstein Center : 60% des adolescents ne font pas attention aux actualités quotidiennes.


Quels consommateurs d'infos feront-ils demain? Ou plutôt : de quelle info? S'il y a de l'info? Et distribuée comment?

L'info telle que nous la connaissons, telle que des générations de journalistes l'ont travaillée, est morte pour cette génération à venir.
Pour être plus juste (et moins anxiogène...): l'info n'est pas morte, c'est son ADN qui a muté. Ses territoires également: moins de hard news, plus d'egonews (ma proximité émotionnelle, mes amis, le témoignage), plus d'infotainment, plus d'info de niche, voire de micro-niche. Une info fragmentée, poreuse, prise comme un "work in progress" et un échange permanents.
C'est une révolution des pratiques éditoriales qui s'est engagée. J'essaierais d'y revenir en détail dans un prochain post.

Cet ADN en mutation accélérée implique également de nouveaux modes de distribution : Google évidemment, mais aussi, et c'est nouveau, les réseaux sociaux comme Facebook et MySpace (info virale et bouche à oreille). Il y en aura d'autres.

Enfin, pour ne rien "arranger": la pub, telle que nous la connaissons, est en train de subir le même sort. Bonjour les modèles économiques!

lundi 22 octobre 2007

Kim Hye Won, 45 ans, femme au foyer, et journaliste citoyenne

Un vieux témoignage, mais que je découvre aujourd'hui. Et qui, je pense, replace le débat sur les médias participatifs devant leurs vrais enjeux : ne pas faire des citoyens des journalistes, mais embarquer (et donc automatiser) l'expertise et le témoignage de l'audience dans la fabrique de l'information. Pas simple.

Je sais que le parcours d'Ohmynews, le média coréen qui a ouvert la voie du journalisme citoyen en 2000, est à replacer dans le contexte politique très particulier de la Corée du Sud.
Mais je trouve ce témoignage toujours aussi d'actualité, à l'heure où l'on s'interroge encore (et parfois à raison) sur la pertinence de l'info participative:

Elle s'appelle Kim Hye Won, elle est femme au foyer. Elle a 45 ans (en 2005). Et son premier article sur Ohmynews s'intitulait : "Mon mari est déprimé, mon fils passe ses tests, et je suis inquiète"
.
En 2005, Kim Hye Won a remporté le prix du meilleur journaliste citoyen d'Ohmynews.
"Les femmes coréennes perdent leur nom après le mariage", rapporte Kim sur le site de Time magazine. "On les appelle souvent en disant 'c'est la femme de...', ou 'c'est la mère de...' J'ai finalement trouvé mon nom à travers OhMyNews."

Elle en dit un peu plus sur le site internationnal d'OhMyNews, toujours avec beaucoup d'humilité et d'émotion:
"Je suis devenue une femme au foyer/journaliste citoyen qui a fait son chemin dans le monde".

Quand elle a découvert le site Ohmynews, elle y a trouvé des "histoires de vie" :

"A travers ces articles, j'ai entendu des histoires de fleurs racontées par quelqu'un de la campagne, le retour à la terre d'un nouveau fermier, un père inquite pour l'éducation de son enfant, et une fille s'occupant de sa mère sénile. C'étaient les histoires de nos voisins, comme chacun d'entre nous peut en croiser autour de lui."

Pendant trois ans, Kim a écrit un article par semaine, puisant ses histoires dans son quotidien : son fils qui donne son sang pour obtenir un ticket gratuit de ciné, le livre de comptes familial de sa mère, à travers lequel Kim retrace l'amour d'une mère porté à ses enfants...

Kim explique qu'elle a beaucoup souffert du complexe de manquer de professionnalisme, et qu'on lui a reproché parfois le manque de profondeur de ses articles. "Je me suis sentie souovent heurtée, humiliée, mais j'ai continué".

Du coup, "plutôt que de me dire que je suis une journaliste (qui fait des interviews), je préfère me dire que j'écoute (et recueille) les conversations de mes voisins. "

Aujourd'hui, "je ne sais toujours pas ce qu'est un média", mais "je travaillerais avec les gens, comme une journaliste citoyen qui écoute leurs histoires comme une citoyenne et avec le point de vue d'une citoyenne."

dimanche 21 octobre 2007

Les médias d'information participatifs: débat sur LCI

Avec le lancement du Post.fr je n'ai plus beaucoup de temps pour bloguer (ou pour bloguer quelque chose qui n'ait pas déjà été blogué ailleurs...), mais j'ai trouvé le temps de parler quelques minutes à la télé.

L'émission Plein Ecran de ce dimanche était consacrée aux médias d'information participatifs, dont LePost.fr, mais aussi Rue89.com, et Obiwi.fr.

On peut voir l'émission podcastée ici et ici (2eme partie).