mardi 9 janvier 2007

Le journalisme participatif est en marche


Deux bons exemples de la révolution qui est en train de s'opérer dans les médias :

A Libération, qui est peut-être en train de faire ce qu'il aurait dû faire depuis des années, Ludovic Blecher, qui défend le projet de journalisme participatif depuis longtemps, vient de lancer un blog avec les squatteurs du ministère du logement (ici). Les acteurs de l'événement lui transmettent les contenus ou les lui dictent par téléphone. Le journaliste les retravaille ensuite pour le blog.
Plutôt généreux, même s'il manque un peu de vidéos, le reportage nous fait vivre l'événement de l'intérieur avec ce qu'il faut de filtre journalistique pour valoriser le contenu. Ce n'est apparemment qu'un début. Libé pourrait avoir pas mal de projets en ce sens.

Dans un autre registre, Tristan Mendes-France, vient d'inventer le reportage vidéo participatif. Parti au Cambodge avec un téléphone portable vidéo (un Nokia N90), il a réalisé un reportage par jour sur la mémoire du génocide au Cambodge. Les petites vidéos étaient publiées sur un blog et commentées. Les internautes pouvaient ainsi orienter la suite du reportage. Vertigineux (Voir son interview vidéo ici. Les reportages sont ici).

Comme je l'expliquais dans un précédent post, ce type d'initiative illustre bien comment le phénomène du journalisme citoyen, qui aura toujours du mal à être accessible à tous, est en train d'évoluer de façon durable vers ce qu'on appelle le média participatif, ou le média social. C'est à dire une organisation spécifique du média qui permette de tenir compte et d'intégrer naturellement les contenus générés par l'utilisateur dans la fabrication de l'info.

Gadget journalistique ? Pas sûr. Car au delà de l'utopie participative qu'il véhicule, ce modèle a également l'avantage de répondre à une problématique économique : produire du contenu coute cher. Or, le grand avantage du contenu généré par l'utilisateur, c'est que non seulement il ne coute rien (ou presque rien, si l'on tient compte de l'encadrement éditorial), mais il apparait souvent comme plus attractif et authentique pour l'utilisateur.
La presse locale devrait aussi y trouver matière à réflexion.

- Le blog de Libé
- Le site de blogtrotters

2 commentaires:

Anonyme a dit…

L'expérience Agoravox, qui lance sa TV aujourd'hui, est-elle comparable aux deux exemples que vous citez ?

Benoit Raphael a dit…

Difficile de s'exprimer tant que le produit n'est pas sorti.
Pour ce qui concerne AgoraVox en général, je pense que l'on est plus dans la première génération, le journalisme citoyen. La plupart des rédacteurs vraiment actifs sont d'ailleurs journalistes indépendants ou universitaires.
Mais le rôle de médias comme AgoraVox est justement de pousser les murs de la profession et d'empêcher les grands groupes de penser en rond. Ils sont extrêmement utiles.