lundi 30 janvier 2006

Presse: savons nous encore surprendre ?


A lire, ce post de Danielle Attias, citant un dossier publié dans le magazine "Medias" sur "les recettes des titres qui se portent bien" (ici).

Cité en exemple, l'hebdomadaire satirique "Le Canard enchainé" :
"€4,9m de bénéfices nets, 52k abonnements et 400k exemplaires vendus chaque
semaine en kiosque, avec des pics d'1m d'ex. lors de certaines affaires."
Charlie Hebdo affiche également une santé insolente: "Depuis un an, le titre
voit même ses ventes augmenter de 8% alors que les journaux traditionnels
continuent de voir leurs ventes baisser."

Les chiffres laissent rêveur. Aucun de ces titres n'a cherché à innover ni à évoluer. Ils ne proposent pas non plus de site Internet, et diffusent donc une information à froid, sans interactivité, sans aucune de ces ficelles qui modèlent la presse écrite d'aujourd'hui.

Analyse de Claude Engeli, le rédacteur en chef du Canard, sur les clefs de son succès:
"Nos lecteurs sont supposés lire un quotidien, un hebdomadaire, écouter la
radio, regarder la télévision. Le Canard vient en plus. Il doit donc créer la
surprise (...)".

Pour Danielle Attias:
"cette situation vaut également pour les titres de la presse traditionnelle,
papier ou en ligne. Ceux-ci paraissent à un moment où les news sont connues des
lecteurs, via diverses sources alternatives. Pour fidéliser son public et
acquérir de nouveaux lecteurs, il ne peut plus s'agir pour les journaux et leurs
sites de re-relater les faits d'une actualité disponibles ailleurs."J'aime bien
cette idée de "créer la surprise".

Nous avons eu l'occasion de tester cet "effet de surprise" sur quelques unes de l'édition du quotidien régional où je sévis. Les résultats des ventes ont toujours été positifs.Je crois que l'on tient là l'une des clefs (pas la seule) de l'avenir de la presse écrite. "L'info en plus". Surprendre le lecteur. Voilà un beau concept, qui nous changerait du "publions ce que le lecteur attend" (sait-il lui-même ce qu'il attend ?). Surprendre, c'est évidemment jouer la révélation, l'enquête, mais aussi se mettre du côté du lecteur, là où il ne s'y attend pas. C'est aussi mettre en avant des sujets que la presse traditionnelle valorise peu (question d'"image" ou d'habitudes...) et qui touchent pourtant notre quotidien.

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